Te amo pra sempre
Au fil de la côte, nous nous enfonçons dans notre séjour brésilien. Olinda, la belle, dressée au-dessus de la mer, à quelques kilomètres de Recife dont on aperçoit les tours se hisser au loin, dans la lumière finissante du jour. Les derniers rayons de soleil viennent lécher les façades colorées des maisons, les frontons décrépis des églises. La splendeur est écaillée et se dévoile au fil des galeries d’artistes, ou des associations de carnaval qui font la réputation de la ville dont les rues étroites se chargent une fois par an. Pour nous, elles sont vides et révèlent un charme qui nous rappelle celui de Valparaiso.
Salvador, ville complexe, à l’image du Brésil, dans l’enchevêtrement de ses identités et de ses contradictions.
Elles nous apparaissent criantes alors que nous montons en voiture avec Betho, un musicien bahianais. Souhaitons-nous enregistrer sur la plage, pour coller à l’image idyllique du pays ou bien le suivre dans la favela où il vit ? Pour montrer le vrai visage de Salvador. Nous optons pour la seconde proposition. En remontant la colline, la pauvreté affleure, persona non grata du pays en effervescence. Maisons délabrées, voitures abandonnées sur le trottoir. Nous tournons sur une terrasse avec vue de rêve sur l’immensité de la favela, puis nous demandons à Betho s’il peut chanter dans la rue. Les visages le suivent depuis les fenêtres avec curiosité. Il salue, car il en connaît la plupart. Betho éclaire son quartier de sa musique. Sans fard. Et dans cette gaieté si brésilienne.
On célèbre l’anniversaire de Fred avec une rasade de cachaça. En nous ramenant à la pousada, Betho ne résiste pas à l’envie de nous montrer le stade de Salvador qui égraine le compte à rebours d’avant-coupe du monde.
Car le Brésil qu’il veut nous montrer est aussi fait de ces clichés incontournables que sont le football ou la samba. De cette fierté immense d’être brésilien et de l’espoir que la société finira par gommer l’insoutenable inégalité.
Dire dans le sourire.
Comme Anibal qui choisit de reprendre deux chansons traditionnelles de la région de Fortaleza dont il est originaire. Où il est question de l’eau qui manque et qui rend la vie si difficile. C’est l’histoire de sa famille, partie de son village du Ceará, pour s’installer à Fortaleza. La réserve des premières minutes s’efface rapidement. Il parle un anglais parfait, s’essaie avec Miles à quelques mots de français, puis reprend la guitare sur la plage balayée par la houle.
Toute la douceur d’un pays résumé dans la beauté de sa chanson.
Te amo pra sempre – je t’aime pour toujours
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